Mali : une élection sous forme de farce
Le premier tour de l’élection présidentielle malienne a accouché sans surprise d’un duel entre le président sortant, Ibrahima Boubacar Keita (IBK) et l’ancien ministre des Finances, Soumaïla Cissé. Preuve s’il en était besoin que le Mali a encore beaucoup de chemin à parcourir avant de devenir une véritable démocratie.
En dehors de la percée réalisée par l’homme d’affaires Aliou Diallo (8%), invité surprise et troisième homme du scrutin, les résultats de l’élection auront été conformes aux attentes : un faux duel entre le Président et l’ancien ministre des Finances.
Dans un pays rongé par la misère et menacé par le spectre du djihadisme, les troubles civils sont le premier danger dont veulent s’éloigner les habitants. Cette menace arrange bien les affaires du pouvoir en place, qui savait que la population ne se mobiliserait pas trop pendant la campagne présidentielle.
Ainsi, le taux d’abstention record de plus de 60% aura permis aux deux favoris de jouer tranquillement leur course sans trop s’inquiéter de la gronde populaire. Mais ce n’est malheureusement pas tout. Plus graves que les fausses rumeurs et faux sondages diffusés avant la campagne, de très nombreuses fraudes ont été déplorées pendant le scrutin.
Dans les bureaux de vote de villes maliennes comme Gossi, Menaka, Taoudeni, Tessalit, Dire, mais également à l’étranger, comme au Gabon, les organisateurs ont purement et simplement retiré les urnes avant le vote, pour les remplacer par des urnes pleines ! Si bien que le nombre de votant final a parfois dépassé le nombre d’inscrits…
D’autres irrégularités en tous genres ont été dénoncées par les observateurs nationaux et internationaux : des personnes décédées qui ont voté, des personnes ayant déménagé de longue date également…
Connaissant les mœurs politiques et la personnalité d’IBK, il fallait s’attendre à une élection truquée, mais le président sortant est sans doute allé trop loin cette année. Il risque de payer cette faute politique. Avec l’avènement de l’internet, les informations circulent désormais librement, partout et très vite. Les nombreuses fraudes qui ont entaché ce scrutin ne pourront être dissimulées au peuple malien.