Migrants : Leurs expulsions coûtent plus chers que leurs retours aidés
D’après un rapport de Jean-Noël Barrot (MoDem) et Alexandre Holroyd (LREM), qui sera présenté le jeudi 6 juin en commission d’évaluation des politiques publiques, l’expulsion de migrants coûte généralement plus cher que leur retour aidé. Le premier nécessiterait 13.794 euros quand le second entre 2 500 et 4 000 euros.
Un nouveau record d’éloignement établi en 2018
Ces dernières années, le gouvernement a fait des éloignements un objectif prioritaire de sa politique en matière d’immigration. Cette pratique exige un financement assez conséquent qui peut faire l’objet d’optimisation. C’est justement le motif d’un rapport de deux députés français qui ont cherché à chiffrer précisément ces reconduites de migrants. Selon les parlementaires Jean-Noël Barrot (MoDem) et Alexandre Holroyd (LREM), les renvois ont coûté l’année dernière un demi-milliard d’euros à l’État, dont 468 millions d’euros pour les éloignements forcés et 27 millions pour les retours aidés. Ils ont constaté qu’une expulsion forcée coûte environ 14 000 euros par migrant, quand un retour aidé se situe entre 2 500 et 4 000 euros. Le rapport parlementaire précise en outre qu’en 2018, 33 960 départs forcés ont eu lieu depuis le territoire français, dont 15 677 éloignements pour la seule métropole. C’est un record depuis dix ans puisque ce chiffre dépasse légèrement le pic atteint en 2015.
Encore de nombreuses difficultés dans les rapatriements
Les Albanais, les Roumains et les Algériens (1 525) sont les nationalités les plus expulsées de France, tandis que les Albanais, les Afghans et les Moldaves sont les trois premiers bénéficiaires de l’aide au retour.
Comparé au nombre d’obligations de quitter le territoire (OQTF), le taux d’exécution reste cependant « très limité (12,40 %) en raison de certaines difficultés qui apparaissent dans la procédure, regrette les élus. « La première difficulté tient à l’éloignement limité des ressortissants de certains pays » et la seconde à « l’insuffisante coopération des autorités de leur pays d’origine pour les reconnaître et leur attribuer des laissez-passer consulaires ». Il y a également le manque de personnel d’escorte, l’annulation ou l’absence de vol ou de places d’avion disponibles aux dates demandées ou encore la remise en liberté par les juges des migrants placés en rétention, etc.
Les retours aidés de plus en plus privilégiés en France
Le rapport parlementaire note avec satisfaction une hausse du nombre des retours aidés depuis 2016 en France, contrairement à de nombreux pays européens. « Étant donné les bons résultats de l’aide au retour, nous recommandons de poursuivre sa montée en puissance, notamment pour les ressortissants de pays soumis à visa », écrivent Jean-Noël Barrot et Alexandre Holroyd.
Cette étude sera présentée ce jeudi 6 juin en commission d’évaluation des politiques publiques.