Mali : premier bilan, un an après la présidentielle
Un an après la présidentielle de 2018, qui a vu le président Ibrahim Boubacar Keïta réélu pour un second mandat au terme d’un scrutin vivement contesté par l’opposition, l’heure est au bilan. Bilan de l’acte II du régime IBK, et bilan de la recomposition d’un paysage politique en pleine mutation. De quoi tirer des enseignements pour l’avenir du Mali ?
Un an pour rien ? Tel est la première question à se poser douze mois après la réélection d’IBK. La situation sécuritaire dans le pays continue à se déliter et le pouvoir de Bamako est désormais purement théorique sur de larges pans du territoire, notamment dans le Nord et au Centre, où des groupes armés djihadistes font la loi. Des conflits communautaires et ethniques se greffent à cette situation d’anarchie autour de laquelle le gouvernement continue de perdre du terrain.
Corolaire et carburant de cette situation sécuritaire désastreuse, le marasme économique se poursuit au Mali. Croissance en berne, taux de chômage massif, inégalités toujours croissantes : la réalité sociale du pays s’est encore dégradée et le Mali est aujourd’hui une poudrière en raison de l’incapacité de ses dirigeants (y compris ceux qui ont précédé IBK) de mener des politiques ambitieuses et volontaristes pour sortir la majorité de la population de la pauvreté.
Le bilan d’IBK d’un point de vue purement politicien est en revanche beaucoup plus positif. Le président malien est passé maître depuis de nombreuses années dans l’art du contre-pied avec l’opposition. Il l’a encore démontré ces derniers mois en divisant l’opposition, nommant certains de ses cadres au gouvernement… et en retournant une situation politique qui lui était très défavorable au lendemain de sa réélection, alors que l’opposition refusait de reconnaitre sa victoire.
Quid de l’opposition justement ? Les douze mois qui se sont écoulés ont vu une recomposition à grande échelle des rapports de force au sein de cette opposition. Le grand perdant de cette nouvelle donne est incontestablement Soumaïla Cissé. Le finaliste malheureux de la dernière présidentielle a tout perdu ou presque au cours de l’année écoulée. Ses cadres, d’abord, qui se sont pour la plupart ralliés au gouvernement ou tournés vers d’autres formations politiques.
D’autres nouvelles figures de l’opposition en revanche ont émergé depuis la présidentielle. C’est notamment le cas de deux figures atypiques du paysage politique malien, issus de la société civile, et dont les profils semblent attirer un nombre grandissant de Maliens. Il s’agit de l’astrophysicien, ancien cadre de la NASA et bref Premier ministre, Cheick Modibo Diarra, et surtout de l’entrepreneur Aliou Boubacar Diallo, arrivé en troisième position de la dernière présidentielle.
Des personnalités fortes, qui ne sont pas des professionnels de la politique, et qui martèlent à leurs militants des discours empreints de bon sens et de volontarisme politique pour prendre à bras le corps les problèmes des populations maliennes : chômage, accès à l’eau et à l’électricité, éducation, santé… Autant de thématiques souvent laissées en friche par les politiciens traditionnels.