Retraites : Matignon a ouvert ses portes aux avocats
Le Premier ministre Edouard Philippe a reçu jeudi soir les représentants des avocats, qui sont mobilisés contre le projet de réforme des retraites depuis plusieurs semaines. Il leur a assuré qu’ils bénéficieront, après la réforme, de meilleures pensions que dans le système actuel.
Le chef du gouvernement « s’est félicité du travail réalisé cette semaine par les représentants de la profession avec les ministres pour établir un état des lieux objectif de l’impact de la réforme proposée par le gouvernement pour les avocats », rapporte dans un communiqué de Matignon, après la rencontre entre M. Philippe – accompagné par la garde des Sceaux Nicole Belloubet et le secrétaire d’Etat aux Retraites Laurent Pietraszewski – et trois représentants des avocats.
Le communiqué confirme « l’engagement de modifier le calcul de l’assiette de cotisations sociales, afin de compenser toute hausse de cotisation liée au système universel jusqu’en 2029, au travers d’un abattement de 30% comme le prévoit la réforme pour l’ensemble des travailleurs indépendants ».
La hausse des cotisations met en péril l’activité des avocats les moins fortunés
En grève depuis trois semaines, les avocats protestent contre le régime universel de retraite par points qui aboutirait à une absorption de leur caisse par le régime général et à une hausse des cotisations. Selon le Conseil national des barreaux (CNB), qui représente les 70.000 avocats français, le projet de réforme prévoit de doubler les cotisations retraite de 14 à 28% pour les avocats gagnant moins de 40.000 euros par an, et les pensions, actuellement au minimum de 1.400 euros net, passeraient à 1.000 euros. Si, à long terme, l’augmentation des cotisations conduirait à des niveaux moyens de pension plus élevés , elle met en péril l’activité des avocats les moins fortunés, ceux dont les revenus sont inférieurs à 40.000 euros par an. La profession demande donc d’être exclue du futur régime universel. Une revendication rejetée par le gouvernement.
Une grève aux lourdes conséquences
Pour faire plier l’exécutif, les avocats multiplient les actions spectaculaires dans toute la France, comme jeudi devant le tribunal de Bobigny, où une cinquantaine d’entre eux ont fait un haka. Les trois semaines de grève ont eu de lourdes conséquences sur le fonctionnement de l’institution judiciaire. Certaines audiences sont reportées de plusieurs mois, voire d’un an, y compris pour des affaires jugées aux Assises. Ce qui oblige de maintenir le prévenu en détention, en attendant une nouvelle date de jugement.
La rencontre à Matignon, qui avait été réclamée par le CNB, survient après plusieurs réunions à la Chancellerie cette semaine. Une nouvelle rencontre à Matignon est prévue le 2 février. Avant cela, ce samedi, le Conseil national des barreaux tient une nouvelle assemblée générale pour décider des suites du mouvement .