Hydrogène naturel : la France prend tout son temps… et perd du temps
Alors que la filière de l’hydrogène monte en puissance ailleurs, notamment en Allemagne, en France, ce gaz doit encore faire preuve de patience. Il n’a même pas réussi à se faire une place dans la dernière révision du Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) pour les périodes 2019-2023 et 2024-2028.
L’Allemagne veut devenir numéro un mondial de l’hydrogène
Maintenant on le sait, la transition énergétique passera par un développement du marché de l’hydrogène. Le gouvernement allemand en est convaincu. Le ministre de l’Economie, Peter Altmaier a promis en 2019 une stratégie nationale appropriée. « Nous devons poser les jalons pour que l’Allemagne devienne le numéro un mondial des technologies de l’hydrogène », a-t-il dit.
L’hydrogène devrait permettre notamment à l’Allemagne de stocker son énergie renouvelable en excès pour les besoins des industries chimique ou sidérurgique. Mais également de verdir son secteur automobile. Le ministre des transports Andreas Scheuer a ainsi annoncé la mise en circulation de 60.000 voitures à hydrogène d’ici à 2022.
La France fait patienter l’hydrogène
Si l’Allemagne veut devenir championne de l’hydrogène (surtout vert) en France, on n’a décidément pas cette ambition, en tout cas pas à court terme. La dernière révision du texte de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) pour les périodes 2019-2023 et 2024-2028 fait, en effet, la part belle aux énergies renouvelables électriques, avec enfin une percée de l’éolien en mer. Mais les gaz renouvelables dont l’hydrogène doivent encore attendre leur heure…
La PPE repousse à moyen terme pour le transport et à long terme comme « solution structurante » de décarbonation, l’arrivée de l’hydrogène dans le mix énergétique français. L’hydrogène ne contribuera à l’intégration des énergies renouvelables au système électrique qu’au-delà de 2030-2035. Pourtant, il est « actuellement le moyen le plus prometteur de stockage massif inter-saisonnier des énergies renouvelables ».
Parmi les principales mesures concernant l’hydrogène, on découvre aussi que le gouvernement réduit de 100 millions d’euros prévus initialement à 50 millions d’euros par an le soutien au développement de l’hydrogène décarboné.
Cette tiédeur de la France vis-à-vis de l’hydrogène vert contraste avec le potentiel de celui-ci. Renouvelable et non polluant, cette ressource naturelle offre une baisse conséquente des coûts de la production. La PPE reconnait d’ailleurs qu’il y a un potentiel de marché accessible dès aujourd’hui, pour de l’hydrogène produit directement sur site par électrolyse.
L’audace d’un entrepreneur malien
Au Mali, un entrepreneur a compris l’enjeu de l’hydrogène depuis 2010 : Aliou Diallo. Contrairement aux Européens qui se contentent pour l’instant de l’hydrogène manufacturé, lui s’est lancé dans l’exploitation de l’hydrogène naturel. Sa société d’exploration Hydroma SA produit depuis huit ans de l’électricité verte pour le village de Bourakébougou, situé à une soixantaine de kilomètres de la capitale Bamako. Comme la première phase de son projet a été couronnée de succès, Aliou Diallo a lancé en juillet 2019, la seconde étape : la production à grande échelle de l’énergie propre à partir de l’hydrogène naturel.
Pour concrétiser cette ambition, il s’est mis en quête de partenariat en Europe, principalement en Allemagne pour recueillir des financements. Parallèlement, Hydroma SA continue ses forages au Mali et vient de lancer des prospections en Australie et au Canada.