Sénégal : la vaccination face à de nombreux obstacles
La campagne de vaccination entamée dans le pays depuis plusieurs semaines avance cahin-caha, entre défiance des populations et propagation des fake news.
Le Sénégal n’échappe aux nombreuses suspicions dont les vaccins contre le Coronavirus font l’objet à travers le monde. Sur 500 000 doses de vaccins reçus, un peu plus de 150 000 environ doivent encore être inoculés. Alors que la campagne de vaccination a débuté depuis le 23 février dernier. Mieux, tout le monde y est désormais éligible, contrairement aux premières semaines où cela été réservée aux cibles prioritaires, dont le personnel de santé notamment. Les centres de vaccination ne manquent pas sur le territoire et il est même possible d’accéder à sa dose sans rendez-vous préalable.
Autant de conditions qui devraient inciter les uns et les autres à accourir vers les vaccins. Ce n’est hélas, pas vraiment le cas sur le terrain. Certaines grandes villes dont la capitale Dakar écoulent certes plus ou moins rapidement leurs doses. Mais l’engouement n’y est pas dans de nombreuses régions du pays.
Rumeurs et fake news en série
Au nombre des raisons à une telle situation, figurent notamment les craintes suscitées par le vaccin AstraZeneca. Le produit anglo-suédois qui cristallise les débats en Occident voit sa cote baisser de jour en jour auprès des patients. Surtout dans un pays comme le Sénégal où l’opinion adhère très vite à la croyance populaire. Alors que les autorités, dont le président de la République Macky Sall, multiplient les invitations à la vaccination, le rejet d’AstraZeneca est manifeste. Les populations refusent de s’en approcher à cause des suspicions de thrombose qui l’entourent. C’est le cas dans la ville religieuse de Touba où des milliers de doses attendent de trouver preneurs.
Et pour ne rien arranger à la situation, les fake news s’y sont engouffrées. De nombreux propos circulent ainsi concernant la vaccination qui causerait l’infertilité ou dont l’objectif inavoué serait pour les firmes pharmaceutiques de se faire le maximum d’argent au détriment de la santé des patients. Une situation d’autant plus problématique qu’elle concerne aussi certains professionnels de santé.
À tout cela s’ajoute le sentiment de toute-puissance de la jeunesse du pays face au virus. Réputés plus résistants aux cas graves de la maladie, les jeunes ne perçoivent pas toujours l’utilité de se faire vacciner. Surtout depuis que l’étau a été desserré autour des différentes mesures restrictives par les autorités.