Le blues des policiers américains
Les forces de l’ordre vivent une profonde crise aux États-Unis. En cause, le regard de plus en plus réprobateur de la population envers un métier dont les acteurs sont pourtant sujets à un stress permanent.
La police américaine se sent mal. Les acteurs traversent une période de dépression qui va en s’amplifiant au fil des années. Les raisons à cette situation partagée par la quasi-totalité des forces de l’ordre du pays sont nombreuses et diverses.
Il y a d’abord les accusations de racisme envers les minorités. Depuis aussi longtemps que le monde existe, les membres de la police américaine sont pointés du doigt pour leur traitement discriminatoire à l’égard des personnes de couleurs. Notamment les noirs-américains qui payent un lourd tribut du fait de leur appartenance communautaire. Au fil des ans, les policiers forts de leur syndicat et de la protection de la justice ont fini par se sentir intouchables. Mais depuis quelque temps, la donne est en train de changer. L’irruption des réseaux sociaux dans le champ public avec la publication fréquente sur internet des arrestations policières a mis les hommes en uniforme au centre des critiques. Et ces derniers ont du mal à encaisser le coup.
Manque d’attrait
Le cœur n’est plus tellement à l’ouvrage aussi en raison du manque d’attractivité du métier. Dans un pays où la circulation des armes à feu est aussi permissive que les États-Unis, la police a un rôle prépondérant à jouer. Sachant que le banditisme est également très prégnant. Les risques sont nombreux, mais la balance-bénéfice risque ne penche pas toujours en faveur des policiers. Ils sont de plus en plus tués dans l’exercice de leur fonction. À titre d’exemple, 46 ont péri en 2020 et cette année a déjà enregistré 22 décès de forces de l’ordre. Les vocations sont de fait, tuées dans l’œuf. Les jeunes aspirants ne sont plus aussi séduits par le métier.
Plus de départs volontaires
Quant à ceux déjà en fonction, ils accusent aussi le coup. Pris entre les risques quotidiens encourus sur le terrain et les critiques d’abus de la part des populations, beaucoup songent à changer de métier. C’est le cas notamment à Minneapolis où des départs sont notés depuis mai 2020 et la mort par asphyxie de George Floyd, un Afro-Américain sous le genou d’un agent de police reconnu d’ailleurs pour la première fois coupable de meurtre. Le phénomène touche l’ensemble des États du pays qui voient leur effectif baisser d’année en année. Des voix s’élèvent au sein de la police pour aborder ce problème de plus près.