Streaming : jusqu’à 3 milliards de fausses écoutes en France
Selon un rapport du Centre national de la musique (CNM), entre 1 et 3 milliards d’écoutes sur les plateformes musicales sont frauduleuses en France. Le rap seul concentrerait 85% de ces « fake streams » sur Spotify et 27% chez Deezer. Suivent les musiques de relaxation et la musique religieuse.
D’après un rapport publié le lundi 16 janvier par le Centre national de la musique (CNM), entre 1% et 3% des streams en France étaient frauduleux en 2021. Ce qui correspond à entre 1 et 3 milliards d’écoutes sur les plateformes musicales. Dans le détail, cette fraude s’est élevée à 2.6% sur Deezer, 1.1% sur Spotify et 1.6% sur Qobuz. On note également que chez Spotify et Deezer, ce sont surtout des titres peu écoutés qui bénéficient des faux streams.
Un fléau qui touche davantage les nouveautés
Ainsi, la première plateforme citée enregistre par exemple 18,1% de streams frauduleux liés aux titres faisant partie du top 10 000 des chansons les plus écoutées, contre 43,5% chez Qobuz. Par ailleurs, une majorité de ces fausses écoutes concernent des nouveautés internationales, en particulier sur Deezer et Qobuz. Chez Spotify c’est presque intégralement le catalogue local qui est visé.
Au niveau des genres musicaux, le rap domine les classements d’écoutes avec 85% des « fake streams » sur Spotify et 27% chez Deezer. Mais ce n’est pas le seul style musical concerné. Même la musique religieuse fait face à ce fléau. En outre, le CNM précise qu’entre 6% et 13% des comptes frauduleux sont gratuits ou ouverts pour une période d’essai. Par ailleurs, sur Deezer, 54% des faux comptes appartiennent à la catégorie « famille ». Un profil qui permet d’écouter plusieurs titres en même temps avec un abonnement unique.
Seules Spotify, Qobuz et Deezer ont collaboré
Le rapport du Centre national de la musique (CNM) fait suite à une saisine en 2021 de l’organisation par Roselyne Bachelot, alors ministre de la Culture. Celle-ci souhaite connaitre l’ampleur des manipulations d’écoutes sur les services de musique en ligne. Dans le cadre de cette enquête, le CNM a sollicité la collaboration des acteurs du secteur. A savoir les plateformes de streaming, les maisons de disques, les artistes ou encore les distributeurs.
Si Spotify, Qobuz et Deezer ont apporté leur aide à l’investigation, ce n’est pas le cas d’Amazon Music et Apple Music qui ont refusé de jouer franc jeu. Les deux géants du streaming se mettent ainsi dans le viseur des consommateurs et des autorités. Quant aux trois premières plateformes, elles ont fourni des chiffres particulièrement détaillés sur les comportements inhabituels d’écoutes. Par exemple, elles ont fait part de très longues durées d’écoute et de morceaux passés à très grande vitesse.
Un impact négatif sur la rémunération des artistes
Le document de 57 pages du CNM révèle sans aucun doute l’étendue des fakes streams dans le domaine de la musique en ligne. Cette pratique frauduleuse consiste à mentir sur les chiffres d’achats d’écoutes sur les plateformes de streaming musical pour faire gonfler les statistiques d’un artiste ou d’un titre afin d’obtenir plus de visibilité. Même les artistes déjà célèbres s’y adonnent.
Mais, si ces chanteurs ne le savent pas, ces fausses écoutes constituent un danger pour l’économie du streaming. En effet, les fortes augmentations du nombre d’écoute entraînent une diminution de la valeur de chaque stream si elles ne sont pas accompagnées par une hausse parallèle du nombre d’abonnements. Par conséquent, les manipulations sur les streams baissent considérablement la rémunération des artistes.