Afrique : Emmanuel Macron pas vraiment le bienvenu
Deux jours après avoir exposé sa nouvelle stratégie africaine, Emmanuel Macron a entamé mercredi une tournée africaine qui le mènera dans quatre pays. Mais le président français n’est clairement pas le bienvenu dans ces Etats, alors que le sentiment anti-français monte partout sur le continent.
Dix-huitième déplacement en terre africaine
Le président français Emmanuel Macron est arrivé, mercredi 1er mars, à Libreville pour participer jeudi à la deuxième et dernière journée du One Forest Summit, un sommet pour faire progresser la gestion durable des forêts tropicales. Plusieurs chefs d’Ettat africains ont participé à cet évènement. Parmi lesquels Ali Bongo Ondimba (Gabon), Denis Sassou-Nguesso (Congo-Brazzaville), Mahamat Idriss Déby Itno (Tchad) et Teodoro Obiang Nguema Mbasogo (Guinée équatoriale).
Emmanuel Macron effectue son dix-huitième déplacement en terre africaine depuis le début de son premier mandat en 2017. Il s’agit de la première visite d’un chef d’Etat français au Gabon depuis Nicolas Sarkozy en 2010. Ce voyage s’inscrit dans le cadre d’une tournée africaine qui mènera aussi l’actuel locataire de l’Elysée en Angola, au Congo et en République démocratique du Congo. Mais le séjour risque d’être désagréable pour Emmanuel Macron, en raison du fort sentiment antifrançais qui prévaut en Afrique.
Macron en tournée pour adouber des dictateurs ?
Au Gabon, une partie de l’opposition politique et de la société civile l’accuse d’être venu adouber Ali Bongo, qui perpétue la dictature de son père Omar Bongo. Mal élu en 2016 et en mauvaise santé depuis quelques années, le président gabonais envisage de se porter candidat à la présidentielle de cette année. Après le Gabon, Emmanuel Macron se rendra en Angola, pays lusophone qui ne fait pas partie de la sphère d’influence de Paris. Le président français y signera un accord visant à développer la filière agricole.
Ensuite, il mettra le cap sur le Congo, pays dirigé d’une main de fer par Denis Sassou Nguesso depuis près de quarante ans. Là-bas, une bonne partie de la population voit dans sa visite un soutien à la dictature. Emmanuel Macron conclura sa tournée en République démocratique du Congo (RDC), ex-colonie belge mais qui entretient des liens historiques très forts avec la France. Ce pays aux richesses naturelles immenses est gouverné depuis 2019 par Félix Tshisekedi, qui se prépare à une échéance électorale cette année.
Des appels au secours à Poutine et la Russie
Selon les opposants, le chef de l’Etat français s’y rendrait pour adouber à nouveau leur président. Ils accusent la France de tirer les ficelles dans la guerre à l’est du pays contre les groupes rebelles. En particulier le M23, appuyé par le Rwanda. Paris soutiendrait Kigali dans ce conflit. Mercredi, quelques dizaines de jeunes ont manifesté devant l’ambassade de France à Kinshasa contre la venue du président français.
Ils ont brandi des slogans hostiles à la France comme « Macron parrain de la balkanisation de la RDC », et « Macron indésirable en RDC ». Certains ont appelé Poutine au secours ». Depuis 2022 et l’expérience centrafricaine, de nombreux pays africains tournent le dos à la France pour embrasser la Russie, nouveau Robin des Bois de la jungle africaine. Le Mali et le Burkina Faso se font les leaders de ce mouvement.
La politique africaine de Paris en question
Mais la France ne pourra qu’à s’en prendre à elle-même. Elle n’a pas su faire évoluer sa politique africaine, alors que la population est de plus en plus jeune et instruite. Paris a conservé son approche paternaliste et moralisatrice. Tout en continuant de soutenir des dictatures et d’intervenir pour renverser des gouvernements hostiles. Une attitude qui ne passe plus auprès de la jeunesse, qui se laisse maintenant séduire par le discours russe.
Dos au mur, la France tente de réagir pour ne pas perdre son « pré-carré ». Lundi, depuis Paris, Emmanuel Macron a exposé une nouvelle stratégie africaine pour les quatre ans à venir. Il a appelé à plus d’humilité, d’équilibre et de responsabilité. Le président français a également annoncé une réduction des forces françaises, dont la présence ne pèse pas sur le terrain. En outre, il a promis promouvoir la « démocratie » et de tourner la page de la « Françafrique ». Pas sûr qu’il ait convaincu…