La France à l’étroit aussi au Niger
L’ancien colonisateur perd pied dans un de ses pré-carrés en Afrique sur fond de sa participation à la lutte antiterroriste dans le Sahel.
Après le Mali, le Burkina Faso, le Niger serait-il le prochain pays ouest-africain à rompre avec la France ? Tout porte à le croire, au regard des événements de ces derniers jours. L’État actuellement dirigé par des militaires depuis le coup d’État du 26 juillet 2023, ne semble en tout cas pas avoir Paris à la bonne.
Entre accusation de violation de l’espace aérien et soupçon d’influence dans le cadre d’une intervention militaire de la CEDEAO, les putschistes ne ménagent pas l’ancien colonisateur. Ils ont ainsi franchi un nouveau palier dans leur acrimonie contre la France jeudi en coupant le signal des chaînes de télévision RFI et France 24 dans le pays.
La population embraye
Un peu plus tard dans la soirée, les militaires ont annoncé la rupture des « accords de coopération dans le domaine de la sécurité et de la défense »liant les deux nations depuis plusieurs décennies. Pour ne rien arranger, une frange de la population crie son ras-le-bol de la France.
Une manifestation pro-putschiste organisée le 30 juillet dernier à Niamey, la capitale, a notamment vu des participants lancer des slogans hostiles à Paris. Avec des incidents devant la représentation française dans le pays où des drapeaux tricolores ont été incendiés.
Cela a provoqué la colère de l’État français. Ce dernier a mis les nouvelles autorités nigériennes face à leur responsabilité quant à la protection de ses ressortissants vivant sur place. Depuis, des milliers de personnes ont été évacuées du pays par le ministère des Affaires étrangères.
Coup particulièrement dur
Cette situation rappelle à bien des égards, les scénarios malien et burkinabè. Les deux pays également dirigés par des militaires après des coups d’État ont tourné le dos à la France et déroulé le tapis vert à une Russie, vantée comme un nouveau partenaire de choix, notamment dans le cadre de la lutte contre le djihadisme, un véritable fléau désormais dans la région.
« Je vois mal comment la France pourrait rester », a déclaré d’emblée jeudi soir sur la chaîne de télévision France 24, le journaliste Vincent Hugeux, par ailleurs spécialiste de l’Afrique. Avec un contingent de 1 500 soldats déployés sur place – le plus grand nombre de la région –, le Niger était en effet un des derniers terrains favorables à Paris dans toute l’Afrique francophone.
Un départ du pays serait un coup extrêmement dur pour la France.