Grande distribution : le groupe Casino face à ses salariés
Le tribunal de commerce de Paris a validé, le 26 février, le plan de sauvetage du groupe Casino. C’est la dernière étape avant la restructuration de la dette du distributeur et sa prise de contrôle par les repreneurs. Mais les représentants des salariés annoncent un recours judiciaire qui pourrait déboucher sur un statut quo.
Le tribunal de commerce de Paris a validé, le lundi 26 février, le plan de sauvetage de Casino. C’est la dernière étape avant la restructuration de la dette du groupe et sa prise de contrôle par ses acquéreurs. En l’occurrence, les milliardaires Daniel Kretinsky et Marc Ladreit de Lacharrière, adossés au fonds d’investissement britannique Attestor.
Le CSEC insatisfait du plan de sauvetage du groupe Casino
Ces potentiels repreneurs doivent apporter de l’argent frais, environ 1,2 milliard d’euros, pour éponger la dette du distributeur stéphanois et relancer ses activités. Mais le comité social et économique central (CSEC) de Distribution Casino France pourrait quelque peu gâcher la fête. Il a émis un avis défavorable au plan de sauvetage, pointant l’insuffisance du volet social. Il a également annoncé interjeter appel.
Seulement quelques jours pour faire appel
L’instance syndicale s’inquiète notamment de l’avenir des salariés du siège à Saint-Étienne et des employés des 10 entrepôts non repris, ainsi que du sort des magasins qui n’ont pas trouvé preneur. Elle espère que le parquet fera aussi appel pour que justice soit rendue. Selon l’une des avocates du CSEC, seul l’appel du ministère public pourrait être « suspensif ». Le parquet a dix jours pour déposer un recours à compter de la date de la décision.
Des réunions prévues en mars entre les salariés et la direction du groupe Casino
Quant à l’intersyndicale de Casino, elle a déjà organisé une manifestation devant le siège du groupe à Saint-Étienne pour faire part de ses inquiétudes, notamment sur la négociation à venir d’un PSE. Une réunion se tiendra le 6 mars entre les partenaires sociaux et les équipes de DCF au siège afin de définir un accord de méthode pour le plan social. Puis, le 13 mars, il y aura une autre rencontre entre l’intersyndicale de Casino et Philippe Palazzi, futur DG de l’entreprise.
Vers un retour à la situation économique antérieure ?
Concernant l’appel du CSEC, la cour d’appel pourrait statuer dans les plus brefs délais, sans doute d’ici l’été, au vu de l’urgence de la situation. Si elle venait à infirmer la décision du tribunal de commerce, la société Distribution Casino France, qui emploie aujourd’hui 18.000 des 50.000 salariés de Casino, reviendrait à sa situation économique antérieure au plan de sauvegarde accélérée.
Le plan de restructuration financière bel et bien en marche
Pour l’heure, l’appel du CSEC n’est pas suspensif. Il reste sans effet sur la mise en œuvre du plan de restructuration financière de DCF et du groupe de distribution, ainsi que sur le changement de contrôle et de gouvernance en résultant. Si le recours suspensif n’intervient pas, Casino envisage de réaliser la restructuration financière le 27 mars 2024. Il opérera principalement des augmentations de capital pour diluer les actifs des actionnaires actuels, dont le PDG Jean-Charles Naouri.
Des résultats financiers du groupe Casino toujours mauvais
Depuis quelques années, le groupe Casino, détenteur des enseignes Franprix et Monoprix notamment, croule sous le poids d’une énorme dette estimée à 12 milliards d’euros. Il a bénéficié d’un plan de restructuration pour lui éviter la liquidation judiciaire. Mais il a quand même dû vendre plusieurs murs afin d’éponger une partie de son passif. Mais ses résultats financiers ne se sont pas améliorés. Le chiffre d’affaires 2023 hors taxe de Casino s’élève à près de 9 milliards d’euros. Ce qui correspond à un recul de 3,7 % sur un an.