France : les Insoumis menacent de destituer Macron
Dans un texte publié le 18 août dans La Tribune, les Insoumis menacent d’engager une procédure de destitution contre Emmanuel Macron s’il ne nomme pas rapidement le nouveau Premier ministre de France, de préférence Lucie Castets. Mais tout le monde n’est pas d’accord avec ce projet au sein de la gauche, notamment le Parti Socialiste.
Dans un texte publié le 18 août dans La Tribune, La France Insoumise (LFI) menace d’engager une procédure de destitution contre le président de la République s’il ne désigne pas rapidement un ou une Première ministre. Et de préférence Lucie Castets, candidate du Nouveau Front Populaire (NFP), vainqueur des législatives anticipées de juillet. Pour démettre légalement Emmanuel Macron, le parti de Jean-Luc Mélenchon veut faire adopter l’article 68 de la Constitution par le Parlement.
Les Insoumis pensent avoir les moyens d’obtenir cette destitution
Selon cet article, « le président de la République ne peut être destitué qu’en cas de manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l’exercice de son mandat ». Et si c’est le cas, comme le pense Jean-Luc Mélenchon en ce moment, cette destitution doit être déposée au Parlement par un dixième des députés. Ensuite, il faudra obtenir le vote des deux tiers des élus de l’Assemblée nationale, puis celui des deux tiers des sénateurs.
Les Insoumis rappellent qu’ils ont 72 membres au Palais-Bourbon, donc au moins un dixième des députés (577 au total). Pour le reste, ils relèvent que les élus qui soutiennent le président de la République représentent moins d’un tiers des élus à l’Assemblée nationale. Manuel Bompard, le coordinateur de LFI, juge « crédible » cette possibilité de destituer Emmanuel Macron, même si certains constitutionnalistes trouvent le projet irréalisable.
Marine Tondelier pas d’accord avec les Insoumis, mais dédramatise leur initiative
Cette menace ressemble plutôt à une tentative de pression sur le président de la République, qui reçoit ce vendredi le NFP à l’Élysée pour des consultations. C’est d’ailleurs ce que laisse entendre la député LFI de Seine-Saint-Denis Aurélie Trouvé. Celle-ci parle d’« avertissement solennel » face à la « dérive autocratique du chef de l’Etat », qui prend un malin plaisir à prendre le temps.
Mais, LFI fait apparemment cavalier seul sur ce coup. Les autres partis de l’alliance de gauche (PS, les Verts et les communistes) ne cautionnent pas son projet. Marine Tondelier, la patronne des écologistes, pense que ce n’était pas « opportun » et très « intelligent » de proposer la destitution de Macron. « Il n’y a pas grand monde, en dehors de la France insoumise, qui est venue apporter son soutien à cette démarche », a-t-elle commenté.
Par contre, Olivier Faure se montre moins conciliant
Marine Tondelier estime toutefois qu’il « n’y a pas de quoi en faire tout un plat » et qu’« on ne va pas épiloguer là-dessus toute la semaine ». La cheffe de file des Verts souhaite en fait garder la cohésion au sein du NFP avant la rencontre de vendredi avec Emmanuel Macron. Y aller dispersés ferait bien l’affaire du président de la République, qui aura n’apprécie pas Lucie Castets et à d’autres choix.
Du côté du Parti Socialiste, on est moins conciliant avec les camarades de LFI. Le premier secrétaire de cette formation politique, Olivier Faure, a déclaré que la proposition de La France insoumise « n’engage » qu’elle seule. Il refuse d’ailleurs d’aller à l’Élysée si Jean-Luc Mélenchon et son état-major maintiennent la menace de destitution. Mais tout le monde s’accorde sur le choix de Lucie Castets. Si Macron ne le respecte pas, on s’acheminerait vers une crise politique.